A propos du raz le bol général des Thaïs et de l'absence d'insécurité en dehors du quartier occupé par les Rouges, un article intéressant du journal Le Monde..."Les Bangkokiens sont las, épuisés"Il y a deux mois, les "chemises rouges" sont descendues de leur bastion du nord-est de la Thaïlande et ont investi le cœur de la capitale, Bangkok, pour faire plier le gouvernement et mettre fin à une société de classe qu'ils estiment injuste. Aujourd'hui, les Thaïlandais se lassent de cette situation qui s'enracine."Les Bangkokiens n'ont pas peur", explique Jacques Ivanoff, chercheur à l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine, situé à Bangkok. Mais "ils sont las, épuisés", poursuit Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse à l'Asia Centre de Sciences Po. Depuis la mi-mars, le centre de leur ville s'est transformé en campement. "Rien n'est encadré, c'est à la bonne franquette, les 'rouges' mangent sur des réchauds, c'est n'importe quoi", raconte encore Mme Boisseau du Rocher.
Dans un témoignage au Monde.fr, Pierre B., qui habite à Bangkok depuis quatre ans, fait le même constat. "En dehors des revendications des uns ou des autres, les Bangkokiens, en grand majorité, veulent que les 'rouges' partent. Les gens ici sont las de toutes ces histoires. Ils ont déjà leurs soucis quotidiens. Le pays se divise et le sourire des Thaïlandais cache une grande amertume", raconte-t-il.
"LE TRAIN ET LE MÉTRO SONT FERMÉS"
La paralysie du centre de la ville pose en outre des problèmes de transports. Des gens ne peuvent se rendre à leur travail, comme Jean-Paul, qui raconte qu'il a "été invité à cesser le travail a 16 h 30 et à rentrer chez [lui] avant 18 heures, heure à laquelle les transports publics seraient interrompus". Quant à la route, "toutes les artères principales sont coupées, il faut rentrer chez soi en faisant de longs détours". "Le train et le métro sont fermés. Notre avenue, Sathorn Road, est fermée. Un accès très limité est possible en passant un check-point", raconte encore Aurélie C.
Malgré tout, dans la grande majorité des témoignages recueillis, il n'est pas fait état de sentiment d'insécurité. Marine L., en stage à Bangkok depuis six mois, tient à préciser que "personne ne se sent vraiment en danger". "Les zones à risque sont sécurisées, et à moins de vraiment le vouloir, il y a peu de chances pour se retrouver au milieu des protestations violentes", raconte-t-elle.
Amir, de passage à Bangkok, raconte aussi que "à moins de se balader entre les barricades de l'armée et celles des rouges, vous ne risquez pas de vous prendre une balle perdue". "De toute manière on ne vous laisse plus passer contrairement à il y a une semaine. Les rouges vous reconduisent en dehors du secteur et l'armée vous empêche d'y entrer", poursuit-il.
"CES ÉVÉNEMENTS SONT PERÇUS COMME TRÈS LOINTAINS"
Mais, une fois en dehors du centre des événements, c'est comme si tout était normal. Romain B. vit à Bangkok et raconte que "la vie est étonnamment calme en dehors des quartiers concernés, une vie ordinaire, comme si les tracas qui concernent le futur du pays ne les concernaient pas". "De chez moi, poursuit-il, pourtant pas si loin des événements en cours, on n'entend rien, il n'y a pas de fumée... Le marchand de glace passe dans ma rue, les enfants s'amusent, difficile de s'imaginer la situation chaotique à quelques petits kilomètres de là."
Eric D. et Frédéric P. vivent tous deux dans le nord du pays et décrivent ce même sentiment. "Je vis dans la quiétude, il n'y aucun mouvement des chemises rouges ici car ils n'en ont rien a faire de la politique", raconte le premier.
"Plusieurs personnes témoignent qu'on a leur a proposé de l'argent pour aller manifester à Bangkok. Mais, dans la province rurale où je suis, ces événements sont perçus comme très lointains et indécents pour le pays. Les gens commencent à s'agacer de voir une ultra minorité mettre en danger le pays et ternir l'image de la Thaïlande à l'étranger", détaille le second.
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